Dans la première partie de notre série d’articles « La fable de la fertilisation au CO2 liquide », nous aborderons l’aspect, à nos yeux, le plus important. La santé des animaux, mais aussi celle des aquariophiles sont notre priorité absolue. C’est pourquoi nous tenons à vous donner quelques informations sur le principe actif du glutaraldéhyde.
Le glutaraldéhyde est-il dans tous les cas nocif et dangereux ?
Le degré de nocivité ou de dangerosité d’un produit se fonde sur des critères internationaux de classification des substances dangereuses, qui sont stipulés de manière juridiquement contraignante dans le « Réglement (CE) N° 1272/2008 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008, relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des substances et des mélanges » ainsi que dans les mises à jour de ce même règlement.
Les répercussions de cette substance dépendent de sa concentration. Les produits connus sur le marché contiennent une solution de 1 à 4 % de glutaraldéhyde. Dans le tableau ci-dessous, vous trouverez la déclaration réglementaire de cette substance dangereuse prescrite pour différentes concentrations de glutaraldéhyde.
Ce n’est qu’à partir d'une concentration inférieure à 0,5 % de glutaraldéhyde que l’étiquetage comme substance dangereuse selon le règlement CLP n’est pas nécessaire. Cependant, au sein de l’Union européenne, la mention additionnelle suivante doit figurer sur l'étiquette, même en cas de faible concentration : « EUH208 – Contient du glutaral. Peut provoquer des réactions allergiques. »
Glutaraldéhyde 100 % (substance pure)
Mention d’avertissement : Danger Mentions de danger : H301 + H331 Toxique en cas d’ingestion ou d’inhalation. H314 Provoque des brûlures de la peau et des lésions oculaires graves. H334 Peut provoquer des symptômtes allergiques ou d’asthme ou des difficultés respiratoires par inhalation. H400 Très toxique pour les organismes aquatiques.
Produit contenant 4 % de glutaraldéhyde
Mention d’avertissement : Danger Composants dangereux déterminants pour l’étiquetage : glutaral Mentions de danger : H315 Provoque une irritation cutanée. H318 Provoque des lésions oculaires graves. H334 Peut provoquer des symptômtes allergiques ou d’asthme ou des difficultés respiratoires par inhalation. H317 Peut provoquer une allergie cutanée. H335 Peut irriter les voies respiratoires.
Produit contenant 1 % de glutaraldéhyde
Mention d’avertissement : Danger Composants dangereux déterminants pour l’étiquetage : glutaral Mentions de danger : H315 Provoque une irritation cutanée. H319 Provoque une sévère irritation des yeux. H334 Peut provoquer des symptômtes allergiques ou d’asthme ou des difficultés respiratoires par inhalation. H317 Peut provoquer une allergie cutanée. H335 Peut irriter les voies respiratoires
Produit contenant 0,5 % de glutaraldéhyde
Mention d’avertissement : Attention Composants dangereux déterminants pour l’étiquetage : glutaral Mentions de danger : H315 Provoque une irritation cutanée. H319 Provoque une sévère irritation des yeux H317 Peut provoquer une allergie cutanée. H335 Peut irriter les voies respiratoires.
Produit contenant 0,1 % de glutaraldéhyde
Mention d’avertissement : aucune Composants dangereux déterminants pour l’étiquetage : aucun Mentions de danger : aucune Mention additionnelle : EUH208 – Contient du glutaral. Peut provoquer des réactions allergiques.
Conclusion : on ne peut pas parler d’une substance vraiment non toxique ou inoffensive et les fournisseurs qui vendent de tels produits sans signalisation des substances dangereuses font volontairement infraction à la législation en vigueur et mettent donc en péril la santé de l’utilisateur.
Pour optimiser la croissance des plantes par du CO2, l’expérience montre qu’il faut paramétrer et maintenir comme valeur cible au moins 20 mg/l de CO2. Pour un aquarium de 50 L, le produit devrait être dosé à 284,1 ml (avec une solution à 4 % et une dégradation réaliste) ou à 113,8 ml (avec une solution à 4 % et une dégradation complète) au lieu de 1 ml par 50 L :
pour obtenir 20 mg/l de CO2 dans l’eau d’un aquarium de 50 l (20 x 50) une quantité de CO2 en mg de | 1000 |
---|---|
avec une dégradation complète du glutaraldéhyde, il faut pour 20 mg/l de CO2, la quantité suivante de produit [en ml] | 11,38 |
avec une dégradation réaliste du glutaraldéhyde, il faut pour 20 mg/l de CO2, la quantité suivante de produit [en ml] | 28,41 |
Il en résulte donc, indépendamment du type de dégradation, les quantités suivantes de glutaraldéhyde dans l’eau (respectivement en fonction du dosage) :
donne une concentration de glutaral dans l’eau | effet toxique sur les poissons | effet toxique sur les invertébrés aquatiques | effet toxique sur les algues | |
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en mg/l | dès | dès | dès | |
Dosage pour dégradation complète en 20 mg/l de CO2 | 9,1 | 11 mg/l | 2,1 mg/l | 0,9 mg/l |
Dosage pour dégradation réaliste en 20 mg/l de CO2 | 22,73 | 11 mg/l | 2,1 mg/l | 0,9 mg/l |
Cette quantité correspond à 10 fois la quantité nécessaire pour agir comme algicide, 4 fois la quantité nécessaire pour être toxique pour les invertébrés et elle est légèrement inférieure à la quantité nécessaire pour provoquer des premiers symptômes toxiques d’empoisonnement chez les poissons (chaque fois avec une solution à 4 % et une dégradation supposée complète du glutaraldéhyde).
La dernière colonne indique également l’effet biocide des produits sur les algues, signalée par des utilisateurs. Mais : ce principe actif n’a pas d’approbation comme substance active biocide.
Si l'utilisateur fait un dosage de 1 ml par 50 l et par jour, le calcul de la production de CO2 sera le suivant :
1 ml de produit contenant du glutaraldéhyde à 4 % donnera | |
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mg de CO2 (dégradation complète) par 1 ml | 87,91 |
mg de CO2 (dégradation réaliste) par 1 ml | 35,17 |
Ceci correspond à un nombre de bulles de CO2 d’un dispositif à gaz sous pression, avec dégradation complète et 0,125 mg de CO2 par bulle, de | 703,32 |
Ceci correspond à un nombre de bulles de CO2 d’un dispositif à gaz sous pression, avec dégradation réaliste et 0,125 mg de CO2 par bulle, de | 281,33 |
Temps disponible pour l’apport en CO2 à 20 bulles par minute [en minutes] – avec dégradation complète | 35,17 |
Temps disponible pour l’apport en CO2 à 20 bulles par minute [en minutes] – avec dégradation réaliste | 14,07 |
Nombre possible de bulles de CO2 produites par minute par un produit contenant du glutaraldéhyde pour un apport de CO2 de 12 heures (= 720 minutes), avec dégradation complète | 0,98 |
Nombre possible de bulles de CO2 produites par minute par un produit contenant du glutaraldéhyde pour un apport de CO2 de 12 heures (=720 minutes), avec dégradation réaliste | 0,39 |
En principe, l’utilisateur peut approvisionner son aquarium en dioxyde de carbone entre 14 et 35 minutes par jour (en fonction de l’hypothèse d’une dégradation complète ou réaliste du glutaraldéhyde) ou, calculé sur 12 heures de durée d’éclairage, entre 0,4 et 1 bulle de CO2 par minute. Il devrait être évident que ce moyen d’approvisionnement des plantes en dioxyde de carbone est plutôt homéopathique et exige de l’utilisateur une grande croyance dans les effets du produit.
En fonction de la concentration et de l'utilisation du glutaraldéhyde, son action peut être considérée comme biocide, algicide, voire toxique.
Conclusion
Le « CO2 liquide » à base de glutaraldéhyde est une substance dangereuse et, à l’achat, environ une fois et demie plus chère qu’un système conventionnel de fertilisation au CO2 à bouteille de gaz sous pression ou 15 fois plus chère que le remplissage d’une bouteille de dioxyde de carbone rechargeable, si l’on veut obtenir la concentration nécessaire de 20mg/l de CO2.
Une autre approche possible pour l’apport de carbone ?
Il est à noter maintenant que les fournisseurs de ces produits vantés comme étant des engrais de carbone liquide ne misent pas tous sur la substance toxique du glutaraldéhyde en solution aqueuse.
Au moins 1 fournisseur adopte une approche différente en intégrant dans sa formule des acides organiques ou des composés de type sucres. L’idée de cette approche, qui en soi n’est pas mauvaise, est que ces sources de carbone sont « expirées » par des bactéries, c.-à-d. que les bactéries se servent du carbone contenu dans ces composés comme source d’énergie (comme nous utilisons également le glucose comme source d’énergie) et rejettent comme produit réactionnel du dioxyde de carbone dans le milieu ambiant.
On ne doit toutefois pas omettre de dire que pour cette production bactérienne de dioxyde de carbone, les bactéries consomment justement de l’oxygène. D’autre part, on « nourrit » toutes les bactéries qui utilisent les substances organiques comme source d’énergie, dont malheureusement aussi des espèces qui, en cas de densité accrue dans l'eau, peuvent déclencher des maladies chez les poissons.
JBL ne dispose actuellement d’aucun résultat statistique concluant pour évaluer définitivement l’efficacité de ce type d’apport de carbone pour les plantes.
Pourquoi JBL ne produit-il pas d’engrais végétal liquide à base de glutaraldéhyde ?
JBL désapprouve la production et la vente de produits contenant du glutaraldéhyde pour des raisons de sécurité et également pour des raisons éthiques. Lorsque vous utilisez de tels produits, pensez au fait que vous ne vous rendez pas service, ni à vous ni à votre santé. Et maintenez ces produits hors de la vue des enfants (Conseil de prudence P102 : Tenir hors de portée des enfants).
Conclusion : pour les plantes aquatiques de nos aquariums, le dioxyde de carbone (CO2) est le nutriment le plus important ( Pourquoi le dioxyde de carbone (CO2) est-il le nutriment le plus important des plantes dans l’aquarium ? ). L’importance de l’apport complémentaire de CO2 est pourtant sous-estimée par certains aquariophiles. Pour pallier cette carence, on a besoin de dioxyde de carbone qui est fourni pour l'aquariophilie sous forme de bouteilles de gaz sous pression ou de BioCO2. Comme nous l’avons expliqué dans l'introduction de cet article, il n'existe pas de CO2 liquide dans des conditions normales (température : 20 °C et pression atmosphérique : 1 bar ou 1013 hPa).